AREVA révolte la société civile du Niger !

Retrouver l’article source sur SWISSAID, et la déclaration de solidarité de ARACF en bas de page.

« La société civile du Niger révoltée par l’attitude d’Areva, qui refuse toute négociation sur le prix de l’uranium

La société civile du Niger révoltée par l’attitude d’Areva, qui refuse toute négociation sur le prix de l’uranium

«Le Niger n’acceptera plus de continuer à mendier pour nourrir ses populations et subvenir à leurs besoins, alors que son uranium, exploité depuis plus de 40 ans par Areva, rapporte énormément d’argent au géant nucléaire français», estime Ali Idrissa, coordinateur du ROTAB, une organisation de la société civile nigérienne appuyée par SWISSAID.

Dans un communiqué de presse conjoint publié le 16 décembre 2013, le ROTAB ainsi que la campagne Publiez ce que vous Payez – dont SWISSAID fait partie – condamnent l’attitude d’AREVA, qui refuse de négocier et continue à vouloir exploiter l’uranium du Niger à son unique profit. Et au détriment de la population nigérienne, dont l’écrasante majorité survit dans une révoltante pauvreté.

C’est la toute première fois que le Niger demande à ce que des conventions qu’il estime très déséquilibrées soient renégociées. Et ce avant le 31 décembre 2013, date de leur expiration. C’est dire si le temps presse. Or, les négociations sont actuellement dans l’impasse, Areva recourant à tous les arguments possibles et imaginables pour ne rien lâcher. Le géant nucléaire estime par exemple que l’exploitation de l’uranium au Niger ne serait pas rentable si on lui retirait les exemptions et avantages fiscaux dont elle bénéficie depuis plusieurs décennies dans ce pays, ou que la demande mondiale est en baisse.

Des arguments irrecevables pour Ali Idrissa et le ROTAB, qui encourage tous les citoyens nigériens à se mobiliser contre le comportement du groupe Areva. Et appelle à une marche de protestation le samedi 21 décembre 2013 devant le siège de la société française à Niamey, ses sites d’exploitation à Arlit et Agadez, ainsi qu’en France. Ali Idrissa estime que «depuis le début de l’exploitation jusqu’en 2010, le groupe Areva a fait sortir des mines nigériennes plus de 114’000 tonnes d’uranium», dont le Niger n’a tiré qu’un très faible bénéfice. Il estime par ailleurs qu’en refusant d’appliquer le nouveau Code minier adopté en 2006, qui prévoit des dispositions fiscales et douanières visant à accroître les revenus de l’Etat, Areva bafoue les règles du Niger. »

ARACF, association des ressortissants et amis de la Commune de Faléa, soutient la société civile du Niger : ( télécharger le document en PDF)

Déclaration de soutien de l’ARACF à la société du Niger

Depuis plus de 45 ans, le groupe AREVA, le géant français du nucléaire, à travers ses filiales locales que sont la Somaïr et la COMINAK, exploite l’uranium du Niger. Les conventions  d’exploitation de cette ressource énergétique stratégique entre l’Etat du Niger et le groupe AREVA arrivent à échéance à la date du 31 décembre 2013.

Ayant fait le constat que depuis plusieurs décennies le Niger n’a jamais profité de façon juste et équitable des retombées  financières de cette exploitation, la société civile de ce pays dans toutes ses composantes, s’est mobilisée comme un seul homme dans des  marches pacifiques à Niamey  et ailleurs (par exemple à Arlit où elle s’est heurtée à une interdiction illégale et scandaleuse) pour exiger des autorités  nationales et d’AREVA, de meilleures conditions en faveur des populations locales et des retombées financières conséquentes, facteur essentiel et nécessaire à la mise en œuvre du plan national de développement économique et social.

En effet, une enquête réalisée par l’ONG OXFAM en 2010, a révélé le caractère inique de ce contrat : les compagnies minières ont extrait du sous-sol nigérien un total de 114 346 tonnes d’uranium qui représentent une valeur d’exportation de 2300 milliards de FCFA. De cette faramineuse somme, le Niger n’aurait perçu que 300 milliards de FCFA soit 13% de la valeur exportée ! Pendant ce temps, les dégâts induits par les activités extractives des filiales d’Areva sur l’environnement et la santé des populations nigériennes sont incommensurables. Leur exclusion de la gouvernance du secteur uranifère et minier en général est flagrante.

L’ARACF (Association des Ressortissants et Amis de la Commune de Faléa) qui mène, au Mali, depuis plusieurs années, le même combat contre le pillage, la destruction du cadre écologique et de la santé des populations, l’injustice économique et sociale, pour la transparence et la démocratie participative dans la gestion du secteur mines-énergie, tient à apporter son soutien total et indéfectible à la lutte de la société civile du Niger qui exige la révision en profondeur et une renégociation juste et équitable des conventions d’exploitation afin de garantir au Niger des revenus plus substantiels pouvant lui permettre de faire face à des crises alimentaires récurrentes, d’assurer un meilleur accès aux soins de santé au plus grand nombre, une meilleure éducation et un investissement à hauteur des besoins dans l’agriculture.

L’ARACF s’engage à participer activement et sans relâche au développement de la solidarité des citoyens, patriotes et démocrates africains autour de cette lutte noble et nécessaire de la société civile et du peuple du Niger pour acquérir la souveraineté nationales sur les ressources du pays, pour l’égalité dans la coopération internationale, pour la démocratie et un développement national autonome et réel.

Bamako, le 27 décembre 2013,

Pour le Bureau de l’ARACF, le Secrétaire à la Communication                                                Nouhoum KEÏTA

Compte Rendu séjour et conférence en Tanzanie

 Conférence sur les conséquences de l’extraction de l’uranium pour l’environnement et la santé

Bahi / Dodoma et Dar Es Salaam, Tanzanie  

 1 – 6 octobre 2013

En Tanzanie, l’uranium devrait être extrait à  trois endroits différents. Un terrain arraché à un parc naturel, la Selou Game Réserve, site protégé par l’UNESCO comme patrimoine mondial ; un vaste champ de riz à Bahi et un paysage fertile actuellement géré et exploité par l’Église catholique à Manyoni, à une heure et demi en voiture de la capitale Dodoma. Ces terres seront ainsi transformées en dépotoirs miniers radioactifs . Le gouvernement n’apprécie guère l’opposition à ces projets.
Des experts de l’uranium, des médecins et des scientifiques de différents pays ont visité ces champs et ont mis en garde  la population et le gouvernement confronté à ce choix diabolique[1] à l’occasion de la conférence « Les conséquences de l’uranium pour la santé et l’environnement » [2].  Cette rencontre, après celle de 2012 à Bamako, était aussi l’occasion pour une délégation de trois membres de l’initiative Citoyenne ARACF  Falea, Mali (voir Archipel No   2012) qui s’oppose à un projet de mine d’uranium,  de prendre contact avec l’opposition  tanzanienne. Voici un bref résumé.

Mardi, 1er Octobre 2013, notre groupe international est au complet  à l’aéroport de Dodoma. Neuf  véhicules nous transportent dans les environs de Bahi, où nous découvrons les terres et la situation des villageois. C’est la saison sèche et l’on voit des tubes de plastique bleu qui dépassent d’environ un demi-mètre. Ils ne sont pas  étanchéifiées ! Depuis que des forages d’exploration ont été effectués sur ces terres, des personnes qui y travaillent se plaignent d’irritations de la peau et d’eczéma, qui proviendraient des produits chimiques utilisés lors des forages et contaminant ainsi l’ensemble des zones humides. Après la visite des terres – comme l’exige la coutume  du village, nous allons signer le livre des visiteurs à la Mairie.



Devant ce bâtiment un grand nombre d’habitants nous entoure et des questions fusent dans tous les sens. Sur le chemin du retour la police arrête le convoi. Elle prétend que nous avons provoqué un tumulte dans le village et nous invite à la suivre à la station de police proche pour interroger l’un des organisateurs de la visite, Anthony LYAMUNDA, conseiller élu du district. Ceci dure quelques heures. Ce n’est que l’arrivée de l’avocat Tindu LISSU, venu exprès de Dodoma, qui met fin à l’interrogatoire. Nous retournons à la capitale où aura lieu le lendemain la première partie de la conférence. Les organisateurs prévoyaient d’abord Bahi, afin qu’un grand nombre d’habitants puisse y assister. Les mêmes rasions  invoquées pour l’interrogatoire ont été avancées pour imposer Dodoma comme lieu de conférence.  Malgré cela,  plus de 250 personnes de Bahi et Manyoni viennent le lendemain par bus à Dodoma.

 

Plusieurs scientifiques et des intervenants du Canada, des USA, de l’Australie, de l’Afrique et de l’Europe ont informé les  quatre cents participants à la rencontre de DODOMA sur les dangers et les effets de l’exploitation minière de l’uranium. Quant au ministère de l’Énergie, il a annoncé par communiqué que l’extraction de l’uranium n’est pas  dangereux, mais  nécessaire pour le développement du pays (The Guardian, 10/02/2013).

 

 

« Uranium: conséquences pour la santé et l’environnement», la conférence de Dar es-Salaam

 

Hellen Kijo BISIMBA, directeur juridique de Legal and Human Rights Centre (LHRC),  Joan LEON de la Fondation Rosa Luxembourg de Dar Es Salaam et Günter Wippel (Freiburg, D) du réseau URANIUM NETWORK se sont félicité de pouvoir accueillir  une nombreuse audience  en grande partie nouvelle. Plus de quatre cents personnes étaient présentes ici. Mais peu de gens de Bahi et Manyoni ont pu faire le voyage de huit heures à Dar es Salaam. Le ministre tanzanien de la Santé, Dr Hussein MWINYI en dialogue avec Dr Andreas Nidecker IPPNW de la Suisse, ouvre officiellement la conférence après les contributions du Conseil national de l’environnement (NEMC) [3] et de la Commission de l’énergie atomique Tanzanie [4](TAEC). Dans un entretien pour Radio Zinzine et Archipel,  M. MWINYI répond à la question  « comment le gouvernement de la Tanzanie compte faire face à l’énorme fardeau de la renaturation des mines après la fin de l’exploitation de ce minerai et qui payera ? » « Le tout sera soumis à des accords avec les sociétés d’extraction et le gouvernement a entamé, grâce à l’expérience d’ailleurs, « a capacity building process »… autrement dit va acquérir des connaissances pour savoir comment la protection de la population face aux déchets radioactifs sera réalisée et financée durant les 200 ans[5]  (!) suivant la fin de l’extraction.[6]

 

Hilma SHINONDOLA – MOTE  décrit l’ exploitation des ouvriers des mines et l’absence de protection du travail en Namibie. Une protection, selon les exploitants de mines, ne serait pas nécessaire puisque  la  « low level radiation is not dangerous » de faibles doses de rayonnements ne seraient pas dangereuses malgré la preuve du contraire apporté par que Hilma dans son étude de  2008 :  « Mystery behind low level Radiation [7]».  Robert MTONGA de la IPPNW Zambie a déclaré que  la tuberculose chez les mineurs représente  actuellement  le pire problème de santé en Zambie, « the worst public health problem we are facing today ». Un tiers de la population active en Zambie  travaille dans les mines.
Thomas SEIFERT, professeur de géologie à l’Université de Freiberg (D) explique les maladies « mystérieuses » de mineurs dans l’Erzgebirge (D).  Depuis le Moyen Age on y extrait le minerai d’argent et les mineurs inhalent le gaz radon libéré dans les parties uranifères. Ceci cause  des cancers du poumon et représente encore aujourd’hui l’un des principaux problèmes des mineurs.
Mariette LIEFFERINK est de l’Afrique du Sud. Elle travaille pour la « Fédération pour un environnement durable ». Elle décrit l’héritage des mines comme troisième fléau de la planète  juste après le réchauffement climatique.  « Les sociétés des mines partent ailleurs, pendant que les gens restent sur place et continuent à vivre dans le voisinage de tas de résidus au rayonnement comparable avec l’intensité du rayonnement de Tchernobyl. » Les vents portent des particules d’érosion et des gaz à partir de ces mines délaissées sur de grandes distances. On a pu détecter des résidus des ces mines de l’Afrique du Sud  en Tasmanie[8]. Le calculs coûts-bénéfices sont toujours faits pour le fonctionnement continue de la mine, sans prendre en considération les coûts après la fermeture des mines. La gestion des post mining costs[9] n’existe pas dans les calculs des grandes organisations comme la Banque Mondiale, qui élaborent les normes internationales.  La mine de Wismuth SDAG[10] – la plus grande mine d’uranium de l’Europe – n’a jamais généré de bénéfices, selon le Professeur Urs RUEGG, pharmacologue et président de  IPPNW Suisse. 80-90% de l’uranium extrait a été utilisé dans la technologie des armes.

 

Nouhoum KEITA de l’initiative Citoyenne de Falea  ARACF  (Mali) a déploré l’ignorance presque généralisée sur les activités des sociétés transnationales et la précarité de son pays malgré l’extraction annuelle  d’au moins 50 tonnes d’or destinées à l’exportation.  Son compatriote Cheik Oumar CAMARA, vice-président du cercle (département) de Kéniéba, à laquelle appartient la communauté Falea ( www.falea21.org ) décrit les agissements des sociétés transnationales comme  un génocide régionale. Il est déterminé à poursuivre la lutte sans armes mais avec intelligence jusqu’à la fin . Enfin, nous entendons Soly RAMATOU du Niger, où la transnationale AREVA extrait depuis 40 ans l’uranium pour les centrales nucléaires  française et pour le marché mondial. « A partir de trois heures du matin, il est possible de se procurer pendant une heure de l’eau, alors que les mines d’Arlit[11] consomment environ 900.000 m3 par heure. »  AREVA est le plus grand employeur au Niger, mais  l’argent va dans ses poches et dans celles de quelques membres du gouvernement, alors que la population est l’une des plus pauvres du monde. La conclusion de Soly: « Contrairement à nous, Falea a toujours le choix de refuser la mine. Et nous devons les aider. »

 

La Commission de l’énergie atomique Tanzanie (TAEC), citée au début de l’article, a été créée en 2003 avec la loi n ° 7 sur l’énergie atomique et son utilisation sûre et pacifique,  pour promouvoir la santé et la prospérité de la population tanzanienne. Selon le conseil national de gestion de l’environnement (National Environnement Management Council  (NEMC), l’attribution d’une concession d’extraction oblige la réalisation d’une étude d’impact environnementale et sociale (EIES) mais la Tanzanie ne dispose pas encore d’experts qui peuvent, d’une manière critique, accompagner une telle étude. « Tanzania started to get experts to protect uranium mining [12] » . L’UNESCO a autorisé le  gouvernement de la Tanzanie de sortir une partie de la réserve naturelle Selou Game Reserve – patrimoine de l’humanité –  de cet aire protégé et de céder ainsi aux transnationales une concession pour l’exploration de l’uranium sur ces terres. L’organisation  tanzanienne des droits humains (Legal and Humana Rights Centre LHCR) demande dans un film au gouvernement du pays, s’il est  prêt  à répondre aux défis de la catastrophe environnementale et sanitaire que provoque l’exploitation minière de l’uranium[13].

Là où l’extraction de l’uranium s’effectue déjà depuis quelques années, comme au Niger ou au Canada, on peut constater les erreurs désastreuses commises par des politiciens et des sociétés transnationales, qui veulent profiter aujourd’hui et dans les années à venir des normes environnementales et sociales particulièrement faibles en Afrique pour réaliser des bénéfices encore plus grands[14].  Dans le cas de la Tanzanie, il y a des entreprises d’Australie, de Russie et d’Afrique du Sud (MANTRA, ARMS, URANEX etc [15]) qui sont dans la course.

 

L’énergie nucléaire existe uniquement à cause de financements étatiques annuels à hauteur de millions d’Euros par le traité de l’EURATOM[16], grâce aux subventions accordées aux lobbies de l’armement militaire, à cause des avantages dûs à la situation accordée aux exploitants des centrales nucléaires  et la socialisation à la fois de la renaturation et de la réhabilitation des sites et la prise en charge par les États des sommes gigantesques nécessaires pour  l’élimination des déchets d’uranium.  A cela s’ajoute la soumission de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à l’Agence internationale de l’Énergie atomique  (AIEA)[17]  .  Le lobby nucléaire empêche ainsi, grâce à cette agence internationale basée à Vienne, l’ indemnisation des travailleurs subissant des irradiations dans les mines d’uranium et dans les centrales nucléaires et de leurs familles ;   l’adaptation des polices d’assurance pour les dommages potentiels causés par les accidents nucléaires, la poursuite juridique des responsabilités personnelles des dirigeants, la participation de la population selon  les principes fondamentaux du consentement préalable, libre et éclairé  « Free Prior and Informed Consent » , la création de fonds publics pour la gestion des réserves des exploitants de centrales nucléaires  et  – à ne pas oublier – le traitement international et indépendant de la catastrophe de Fukushima .

 

« Uraniun Mining : Tanzania faces the Devil ‘s choice, experts warn »

 

Mines d’uranium : des experts avertissent la Tanzanie, qui est confrontée à un choix diabolique a titré The Guardian, samedi 5 octobre 2013 pour la deuxième journée de la conférence à Dar es Salaam. La journée débuta avec un rapport d’Andreas Nidecker IPPNW Suisse sur la situation du marché de l’uranium comme source d’ énergie, notant entre autre que les coûts de production d’uranium sont actuellement plus élevés que la valeur de sa vente . Il constate que les changements dans le marché de l’énergie dans son ensemble expriment une tendance  vers une réduction de l’approvisionnement en énergie nucléaire.
Professeur Sebastian PFLUGBEIL explique l’histoire de Wismuth en Allemagne de l’Est, qui était alors la plus grande mine d’ uranium au monde. Il met en garde tout le monde au sujet de l’extraction de l’uranium  qui provoque des dommages irréparables et qu’il est impossible de renaturer entièrement les zones minières. Il explique comment AREVA, la transnationale française a appris de l’exemple de Wismuth. Ainsi elle exploite au Niger un hôpital privé dans les mines  pour éviter que les maladies des mineurs soient évaluées de manière indépendante.

 

David FIG de Johannesburg , combattant de longue date contre les mines d’uranium et les Centrales nucléaires en Afrique du Sud, met en évidence l’importance de comprendre toute la chaîne nucléaire. Depuis seulement dix mille ans, l’ humanité est impliquée dans l’agriculture. A l’exemple de Bahi, il explique qu’une mine d’uranium transforme un champ de riz en une fosse à déchets, qui peut contaminer l’environnement pour des  centaines de milliers d’années.  Face à ce propos, les arguments du gouvernement tanzanien ne pèsent pas lourd . Celui-ci claironne que la nouvelle mine va créer quelques centaines d’emplois et que  la durée de l’exploitation minière de l’uranium est estimé à 30, peut être 50 années. Ce qu’il ne dit pas : Après ces années,  la rizière  reste un  désert radioactif pour des générations.

 

« Les gens qui vivent ici doivent être impliqués dans la prise de décision. Le gouvernement ne voit apparemment que l’argent à court terme qui devrait être généré par la mine ». Amani Mustafa HAKI-MADINI du Niger souligne la dépendance du gouvernement par rapport aux sociétés transnationales et son attitude qui en résulte face aux activités minières. Les gouvernements écartent systématiquement les voix de la population, tandis que les entreprises dépensent une part toujours plus importante de leurs bénéfices pour la sécurité, parce que l’ exploitation minière chasse toutes les autres activités, comme l’agriculture, et conduit à l’expulsion des personnes qui vivent près de ces mines.

L’espérance de vie moyenne en Tanzanie est actuellement de 56 ans mais dans les zones minières, de 40 ans . MADINI plaide pour impliquer les habitants au bon moment et se pose la question comment le pays peut gagner de l’argent avec des mines d’uranium sans avoir réussi cela jusqu’à présent avec les mines d’or.
Anthony LYAMUNDA , directeur de l’ONG co-organisatrice CESOPE[18] décrit  les visites des futurs sites miniers d’uranium à Bahi et Manyoni et l’expérience avec la police. Divers intervenants locaux complètent son récit. Un conseil de district élu ( conseiller du district ) de Bahi souhaite  que les ressources locales soient détenues par les habitants de Bahi et non pas par le gouvernement  comme c’est imposé par la loi. « We realy have to organize ourselves to see how we can help the people that are affected by mining activities »[19]  Un ancien mineur remercie le  » blanc avec les cheveux longs  » (Günter Wippel uraniumnetwork) pour les nombreuses bonnes informations qu’il va certainement transmettre à son député (MdP) de sorte qu’il ne participe plus à ce jeu .  « Rassemblons nos mains pour combattre ces manœuvres politiques ».[20]

 

Anthony LYAMUNDA constate une fois de plus que la Tanzanie appartient à tous et pas seulement au gouvernement et il plaide pour une économie durable à Bahi. « We never had much benefit from international investment, let’s wait until we have our own experts and then decide as Tanzanians » «Nous n’avons jamais tiré bénéfice des investissements internationaux. Nous allons attendre le moment ou nous aurons nos propres experts et décider alors comme Tanzaniens ».

Après l’adoption d’une déclaration commune, le Congrès prend officiellement fin.

Malgré  le fait que  l’extraction d’uranium  n’est actuellement pas rentable, on continue dans plusieurs pays africains d’attribuer des concessions d’exploration et d’exploitation. Ces investissements préventifs, dans le cas de l’uranium en attendant une demande de nouveau à la hausse, passent  pour la plupart par des sociétés basées au Canada.  Pour les autres matières premières, nous continuons à observer la course aux placements  des énormes avoirs  dont disposent actuellement les grosses fortunes de la planète. Une sorte de néo-feudalisme planétaire qui attribue des titres de propriétés aux oligarchies en place.

 

À Falea au Mali, la société d’exploration Rockgate Capital Corp changerait apparemment de propriétaire. La transnationale  DENISON,  également domiciliée à Toronto au Canada, s’y intéresse avant même que l’évaluation de l’impact environnemental nécessaire soit réalisé.  Opération purement financière ?
L’initiative citoyenne ARACF prépare, en collaboration avec le cercle de Kéniéba et la Mairie de Falea, une consultation populaire pour le mois de juin 2014 qui donnera à chaque villageois en âge de voter une voix pour dire oui ou non à la mine d’uranium[21].

Le Mali, qui est aujourd’hui encadré « démocratiquement » par l’ancienne puissance coloniale, la France, peut faire respecter la volonté populaire face à une société transnationale. Mais faire respecter cette décision dépend aussi de toutes les personnes – en particulier en France – qui continuent à joindre le réseau de solidarité nationale et internationale avec la population des 21 villages de Falea.

Un abîme de communication sépare les anciennes colonies anglophones de l’Afrique de  la sphère d’influence française.
Ce constat a été fait aussi le dimanche 6 octobre 2013, qui a vu se réunir, après la conférence rapportée dans l’article précédent, les membres de l’African Uranium Alliance (AUA) à Dar es Salaam. Mais des ponts se construisent. Les conditions politiques différentes entre l’Afrique de l’est anglophone et l’Afrique de l’Ouest francophone peuvent être bien illustrées à travers les résistances aux projets d’extraction d’uranium en Tanzanie et au Mali. Ceci pourrait être le  contenu d’un prochain article dans Archipel écrit en coopération  avec Anthony LYAMUNDA, Bahi et professeur Many CAMARA, Falea.

Hannes LAMMLER  (EBF /FCE), Guenter HERMEYER (BI-Lüchow Dannenberg)

19.Oktober 2013


[1] Titre du Guardian  samedi 5 octobre 2013  Uranium Mining : Tanzania faces the devil’s choice, experts warn.

[2] Organisé par Internationale des Médecins pour la prévention de la guerre nucléaire IPPNW, uraniumnetwork,CESOPE, LHRC et Fondation Rosa Luxemburg ,

[3]      National Environnement Management Council (NEMC)

[4]      Tanzania Atomic Energy Commission (TAEC)

[5] Selon la norme américaine les stériles (mot français pour les tas de déchets radioactifs) doivent résister à la lixiviation (lessivage, par les eaux de pluie) au moins deux cents ans.

[6]      Entretien disponible en audio sur le site Falea21.org

[7] Mystère de l’irradiation à doses faibles.

[8] Petite île au sud de l’Australie (Melbourne)

[9] Les frais après l’arrêt de l’extraction ds mineraies.

[10] La société  mixte soviétique et allemand SDAG  WISMUT en RDA.

[11] Arlit se trouve au Niger, lieu principal de l’extraction de l’uranium

[12]    La Tanzanie n’a que commencé à devenir expert en protection de mines d’uranium.

[13] The road to calamity – BARABARA KUELEKEA MAAFA ,  englische Untertitel  disponibel

[14]     « L’avenir appartient aux sociétés qui engagent à bon compte des mercenaires pour protéger leurs intérêts sur place. De toute façon, les États africains, faibles et corruptibles, ne sont pas en mesure de faire respecter le code du travail et le code minier, alors nous piétinons la législation écologique et sociale, nous intimidons la population locale… ainsi, l’extraction des matières premières se fait au meilleur prix ! » Source FCE

[16] Voir entre autre Was ist EURATOM ?  http://www.plage.cc/cms/antiatom/euratom.php

[17]           Agnès SINAI  Le Monde diplomatique, décembre 2012: Un gendarme du nucléaire bien peu indépendant

[18] Civil Education is the Solution  for Poverty and environmental management.

[19] «Nous devons vraiment nous organiser pour voir comment nous pouvons aider  les personnes qui sont affectées par les activités minières »

[20] « Let’s collect hands to fight, no political games anymore »

[21] Voir www.falea21.org.

ARACF en Tanzanie

La conférence Uranium et santé dérange t’elle les autorités tanzaniennes ?

mercredi 2 octobre 2013,

DERNIÈRE MINUTE : Un article fort intéressant du Gardian tanzanien intitulé « Mines d’uranium : la Tanzanie face à un choix diabolique, alerte des experts « (en anglais)

PDF - 35.2 ko

… Brièvement ce message pour vous tenir un peu en alerte… Il y apparemment ici, en Tanzanie, où nous assistions avec ARACF à une conférence de sensibilisation aux risques sanitaires liés à l’extraction d’uranium, un lobby pro nucléaire assez important dans le gouvernement d’un pays pourtant considéré récemment par OBAMA comme une démocratie exemplaire …

The district commissioner (l’équivalent d’un sous-prefet) du district de Bahi, un village situé à une heure et demie en voiture de la capitale DODOMA n’apprécie guère la visite des médecins et scientifiques contre le nucléaire venus de divers pays pour informer les populations de Bahi et Manyoni menacées par des projets d’extraction d’uranium. Après une journée de visite sur le terrain, l’organisateur principal, Monsieur Anthony LYAMUNDA, a été contraint de venir au poste de police de Bahi pour « perturbation de l’ordre public ». …

L’interpellation a eu lieu alors que soixante dix congressistes visitait le 1er octobre dernier une immense plaine marécageuse près de Manyoni et non loin de Bahi gérée en grande partie par l’Eglise catholique et consacrée jusqu’à présent à l’agriculture. Les médecins ont pu observer de nombreux trous de forages – il y en aurait plus de milles ! – non sécurisé, tout comme à Falea, c’est à dire non obturé par un bouchon de béton.

Par ailleurs, un autre grand domaine agricole, une risière – jusqu’à l’horizon – à environ 150 km au Nord de DODOMA, qui représente une richesse énorme sur le plan agricole, actuellement travaillé par 70 villages, est également menacée d’être transformée en en no man’s land radioactif.

Ces projets de mine d’uranium sont voulu par quelques membres du gouvernement, qui n’hésitent pas via leur représentant local à intimider les populations et perturber le déroulement d’un événement totalement pacifiste .Il est fort étrange de se trouver, une année et demie après la catastrophe de Fukushima qui n’est pas encore terminé, face à des projets de mine d’uranium qui détruiront des plaines agricoles fertiles .

ANNEXES :

• Extrait sonore de l’intervention du l’avocat Tundu LISSU à la sorti du poste de police de Bahi après la fin de la retenue d’un des organisateurs des de la conférence

MP3 - 833.6 ko

• Pour info : Présentation et programme de la conférence citée

PDF - 74.7 ko

• CESOPE (site tanzanien de défense de l’environnement) :http://www.cesopetz.org/hello-world/

Une délégation conduite par le maire rencontre les autorités à Bamako

Source Inter de Bamako – 11 juin 2013 extrait de http://www.malijet.com/ (site d’information malien)

Une délégation des populations des 21 villages de la commune rurale de Faléa, conduite par leur maire Mallé Camara et accompagnée par l’ARACF a séjourné du mardi 28 au vendredi 31 mai 2013 à Bamako. En plus du maire, la délégation comprenait le porte-parole des 21 villages de la commune Seydou Samoura, M. Mady Camara, notable représentant le chef de village de Faléa et Waly Camara Secrétaire Général du bureau local de l’ARACF. Cette mission avait un double objectif : une Demande d’informations sur la situation des projets miniers en cours d’implantation dans cette commune et le plaidoyer en faveur de son désenclavement.

JPEG - 81 ko
Traversée du FALEME en pirogue

Au cours de son séjour, la délégation a rencontre le Ministre des Mines, le Dr Amadou Baba Sy, le chef de Cabinet du Ministère de l’Équipement et des Transports monsieur Gabounè Keita et le Chargé de mission Mallé Danfaga. En outre, elle a également été reçu par le Secrétaire Général du Ministère de l’Artisanat et du Tourisme Elmehdi Ag Hamaty, le chef de cabinet Ségui Kanté, le Conseiller Technique Moussa Diallo, le Chargé de mission Communication et Coopération Internationale Moulaye Idrissa Touré.

Avec le Ministre des Mines, Dr Amadou Baba Sy, la délégation a demandé à être informé de façon très précise et complète sur la situation des travaux d’exploration en vue d’une future exploitation de l’uranium à Faléa menée par les entreprises canadiennes delta et Rockagte depuis 2007.

En effet, Rockgate Capital Corp annonce sur son site web avoir obtenu deux extensions successives du périmètre qui lui a été attribué portant la superficie totale à 267 km2 (contre 150 km2 reconnus officiellement par le gouvernement malien) et déjà réalisé l’étude de faisabilité et déposé le rapport auprès du gouvernement, puis complété l’étude d’Impact Environnemental et Social. Enfin, d’après la compagnie minière, elle va bientôt conclure avec le gouvernement malien une charte sur l’uranium.

C’est pourquoi, la délégation des populations de Faléa, leur maire et la société civile représentée par l’ARACF, ont appelé le représentant du gouvernement à communiquer officiellement la date exacte à laquelle le rapport de l’Etude d’Impact Environnemental et Social sera disponible et accessible au public ainsi que la date précise de la tenue de la « consultation publique » sur le site de Faléa, débat public local destiné à demander l’avis et les aspirations des populations résidentes, exigé par la loi malienne avant l’octroi aux compagnies minières du permis d’exploitation.

Aussi, la délégation a demandé à acquérir les tracés des périmètres miniers de toutes les compagnies minières intervenantes ou prévues sur le territoire de la commune de Faléa, le cadastre minier actualisé de la commune. Cette démarche a été rendue nécessaire par le fait que le Comité National de suivi mis en place en 2012 par le Ministre des Mines dont sont membres la Commune de Faléa et l’ARACF n’a jamais été convoqué malgré plusieurs lettres de rappel du bureau de l’ARACF de Bamako.

Cette structure de suivi et de concertation des travaux du projet de mine d’uranium de Faléa, cadre d’information officiel, a été instituée suite à l’action d’information et de sensibilisation menée en 2010 et 2011 par l’ARACF. Elle a pour mission d’assurer la sécurisation des populations locales (piste d’atterrissage, entreposages des carottes d’uranium etc.) la reprise de l’Etude d’Impact Environnemental et Social (EIS) déjà engagée par Rockgate en dehors des textes réglementaires du Mali et impliquer toutes les parties concernées (populations, société civile, municipalité de Faléa, la Direction Nationale de la Géologie et des Mines et les autres services techniques, les compagnies minières) à toutes les étapes de la réalisation du projet.

Le Ministre des Mines a reconnu que le Comité de Suivi National n’a jamais été opérationnel. Lui-même avait signé un ordre de mission pour conduire une délégation de ce Comité sur le terrain à Faléa. Mais cette mission a été annulée parce que les sociétés minières avaient un moment décidé de quitter notre pays en raison de la situation sécuritaire que le Mali a connu en 2012 et en 2013.

JPEG - 85.5 ko

S’agissant du rapport de l’Etude d’Impact Environnemental et Social, le premier responsable du secteur minier a affirmé au contraire de la société minière, qu’en réalité cette étude n’a pas été faite. Quant au rapport de faisabilité économique, selon lui, il ne sera pas déposé avant fin décembre 2013.

Le Ministre s’est solennellement engagé à rendre publique dès son dépôt le rapport de l’EIS qui sera réalisée par la société minière et à communiquer à temps à la municipalité, aux populations, à la société civile de Faléa et aux autres citoyens maliens, la date de tenue de la « consultation publique » afin de leur permettre de se préparer pour participer effectivement à ce futur débat démocratique. Enfin, le Dr Amadou baba Sy a annoncé la publication prochaine par son département de toutes les données sur le secteur minier au Mali.

Avec le Chef de cabinet du ministre de l’Equipement et des Transports et le chargé de mission, la délégation s’est entretenue autour de la question du bac de franchissement du fleuve Falémé dont la construction a été faite depuis 2005 par la Société INACOM-Mali. Mais depuis cette date, rien n’a changé pour les populations de la Commune de Faléa. Devant cette triste situation, le maire de la commune de Faléa a dressé à la date du 10 mai 2013, une correspondance au Premier-Ministre Django Sissoko avec ampliation au Ministre de l’Equipement et des Transports, de l’Administration Territoriale de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire et à celui de l’Economie, des Finances et du Budget, lui demandant de trouver enfin une solution à cette situation déplorable.

Le Chef de Cabinet et le Chargé de mission du Département de l’Équipement et des Transports ont prêté une oreille très attentive à la sollicitation de la délégation et ont promis au nom du Ministre tout l’accompagnement nécessaire et indispensable à la démarché légitime du Maire et des populations de Faléa.

Enfin, la délégation de Faléa a fait au cabinet du Ministère de l’Artisanat et du Tourisme le compte-rendu du forum multiculturel qui s’est tenu dans cette localité les 25, 26 et 27 mai 2013. Cette rencontre multiculturelle présidée par le Conseil de cercle de Kéniéba et parrainée par le Sous-préfet de Faléa a permis de révéler le riche potentiel en matière de patrimoine culturel, matériel et immatériel, mais aussi artistique, artisanal et dans le domaine de l’éco-tourisme. La commune de Faléa sollicite le département de l’artisanat et du tourisme pour bénéficier des programmes et dispositifs publics existant ou prévus sur ces différents volets. Singulièrement l’encadrement technique et l’accompagnement du département est vivement souhaité par la commune de Faléa pour assurer le développement de la filière bambou un des ses atouts majeurs.

Le département a hautement apprécié la démarche des acteurs de Faléa et a salué les initiatives qu’ils ont initiées. Il s’est engagé à mobiliser les compétences et l’expertise en son sein et à fournir tout l’accompagnement requis afin d’assurer la réussite de leurs différents projets.

Fousseiny DANTIOKO

PNG - 857.4 ko
Qu’est ce que vous allez faire ?

 

Expo Faléa en Autriche

L’exposition « Faléa – la menace d’une mine d’uranium » à Salzburg

Mairie de SALZBURG en Autriche

Salzburg en Autriche est la ville de Wolfgang Amadeus MOZART, compositeur mondialement connu. Mais elle est aussi la ville qui fête en 2013 le centième anniversaire de Robert Jungk, auteur du bestseller :L’ETAT ATOMIQUE publié en 1977. Cette ville et son Maire, Heinz SCHADEN, à travers une exposition consacrée à la résistance des habitants de Faléa au Mali contre un projet de mine d’uranium rappellent la catastrophe nucléaire de Fukushima d’il y a deux ans.

En plein centre touristique de la Ville de Salzburg le monument The Fence of capital offence, der Zaun des Anstosses, la « clôture de l’achoppement »rappelle la résistance exemplaire des habitants de la Ville, de toute la Région en solidarité avec les opposants allemands qui se mobilisaient depuis 1985 contre l’installation d’une centrale de retraitement nucléaire à Wackersdorf en Bavière.

JPEG - 52.8 ko
Inauguration de l’exposition dans la Mairie de Salzburg
Heinz SCHADEN (Maire) Many CAMARA (ARACF), Hannes LAMMLER (FCE)

Le tribunal administratif de Munich, le 10 Décembre 1985, a donné l’autorisation de défricher la forêt Taxöldener pour préparer l’emplacement de la centrale WAA. Les manifestants nucléaires y érigeaient dès le 14 décembre un village de huttes, qui a été évacué deux jours plus tard par la police venu au nombre de 3700 hommes… 869 manifestants ont été arrêtés. Cependant, le 21 décembre un nouvel village de huttes a été érigé et vidé le 7 janvier 1986 par les forces de l’ordre. La situation s’est aggravée de plus en plus, les droits civiques des habitants des communautés environnantes, qui ont soutenu les opposants à l’énergie nucléaire ont été limitées. La police se plaint de la solidarité croissante de la population locale avec les militants étrangers anti-nucléaires. [2] La presse populaire utilisait de plus en plus des mots comme « occupation » et « guerre civile » pour décrire la situation rappelant les derniers chapitres du fameux livre de Robert Jungk L’Etat atomique qui avait prédit un tel développement. De 1985 à 1989 inclus, des interdictions de manifester, des perquisitions, des arrestations et le déploiement régulier de grand contingents policiers venant de tous les Länder de la BRD dominaient les évènements politiques de la Région.

La mobilisation de la population a abouti au refus systématique des divers permis de construire qui ont été accordés par les autorités. Pour le deuxième permis de construire partielle de l’été 1988, l’audience publique obligatoire a eu lieu à Neunburg vorm Wald. A cet effet, des objections ont été émises par 881.000 citoyens.

Aujourd’hui on peut lire sur le monument qui rappelle cette histoire de résistance populaire réussie :

JPEG - 145.3 ko
Plaque du monument : La clotûre de l’achoppement

Jamais encore dans l’histoire on a connue une résistance populaire aussi importante contre un méga-projet technocratique [1] : plus de 420 000 objections allemandes et 420 000 objections autrichiennes entre autres aussi de la part de la Ville et du Land de Salzburg ont fait tomber ce grand projet inutile. C’était l’heure de la naissance de la politique extérieure autrichienne anti-nucléaire. C’est une contribution contre l’économie du plutonium et
- sa contamination continue de l’environnement
- ses transports permanents de déchets radioactifs
- ses risques d’abus du plutonium : le sabotage, des bombes nucléaires dans les mains des États et de terroristes,
- ses méthodes d’imposition et de surveillance antidémocratiques et policières.

PLAGE – la plateforme antinucléaire de Salzburg – a été créé dans les années de l’opposition contre la centrale de retraitement Wackersdorf. Elle a organisé la mise en place l’exposition pour Faléa. Elle ne va pas oublier dans les mois et années à venir la résistance des habitants de Faléa.

JPEG - 48.9 ko
Monument Resistance à WAA

L’Autriche essaie de rassembler les pays européens opposés au nucléaire et les invite à quitter l’EURATOM. Ce lobby militaro-nucléaire a été instauré dans les premières heures de l’Union Européenne et encaisse annuellement des millions d’Euros de contributions étatiques, même de contribuables de pays, qui se sont clairement prononcés contre l’énergie nucléaire. Savoir un peu plus !

JPEG - 44.1 ko
Après Dakar, Geneve, Berlin, Frankfort l’exposition Falea – la menace d’une mine d’Uranium est à Salzburg.

 

N’oubliez pas de signer l’appel de Faléa : SANS RESPECT DE LA DÉMOCRATIE ; DES DROITS DE L’HOMME ET DE L’ENVIRONNEMENT, PAS D’EXTRACTION MINIÈRE.

 

Notes

[1] les grands projets inutiles

 

Le nucléaire dans le monde : fin de la « renaissance »

Par Agnès Sinaï

Vingt ans après sa première édition, le World Nuclear Status Report 2012 dresse l’inventaire d’une industrie nucléaire en perte de vitesse dans le contexte actuel de crise financière, et encore frappée par les effets de Fukushima.

Durant la seule année 2011, la situation mondiale du nucléaire a été bouleversée : 19 réacteurs nucléaires ont été définitivement déconnectés dans le monde, tandis que 7 étaient mis en service. Quatre pays ont annoncé leur sortie du nucléaire : l’Allemagne, la Belgique, la Suisse et Taiwan. Cinq autres se sont retractés : l’Egypte, l’Italie, la Jordanie, le Koweit et la Thaïlande. L’Iran est le seul pays au monde à s’être engagé dans un programme électro-nucléaire commercial, depuis la Roumanie en 1996. Les chantiers sont arrêtés en Bulgarie et au Japon.

Etabli par les experts indépendants Mycle Schneider et Antony Froggatt en collaboration avec Julie Hazemann, le World Nuclear Industry Status Report 2012 résume la situation : en 2011 quatre nouveaux chantiers de réacteurs ont été lancés, et en 2012 deux. La France, l’Inde, le Brésil et les Etats-Unis ont annulé les nouveaux chantiers. Aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, des compagnies clés se sont retirées des projets. La certification de nouvelles technologies de réacteurs est reportée, c’est le cas du réacteur franco-allemand EPR qui ne sera pas agréé aux Etats-Unis avant fin 2014. Dans divers pays, les chantiers en cours ont pris du retard, en Chine, en Arménie, en Finlande et aux Etats-Unis. Sur 59 unités en construction dans le monde, au moins 18 connaissent des retards de plusieurs années. Le projet de la centrale Watts-Bar-2 aux Etats-Unis bat tous les records : la construction a commencé en 1973, et la mise en service a été reportée jusqu’en 2015 ou 2016.

Chantiers en déshérence et dérive des coûts

Quant aux nouveaux candidats à l’industrie nucléaire, tels que le Bangladesh, le Belarus, l’Indonésie, la Jordanie, la Pologne, l’Arabie saoudite, la Turquie, les Emirats arabes unis et le Vietnam, ils reculent devant les contraintes financières et les difficultés d’implantation liées à leurs conditions climatiques spécifiques, comme l’absence d’eau pour refroidir les réacteurs. Dans ces pays, l’implantation d’énergies renouvelables et l’utilisation du gaz naturel s’avèrent moins coûteuses et plus facile à implanter.

Un gendarme du nucléaire bien peu indépendant

par Agnès Sinaï, Le MONDE diplomatique, décembre 2012

Dans les méandres de l’Agence internationale de l’énergie atomique

Un gendarme du nucléaire bien peu indépendant

Impuissante à réguler la circulation des matières fissiles et à régler le dossier iranien, l’Agence internationale de l’énergie atomique a deux visages : zélatrice du nucléaire civil d’un côté, gendarme du nucléaire militaire de l’autre. Elle défendra les vertus de l’atome y compris à Fukushima, où elle tiendra sa conférence ministérielle du 15 au 17 décembre.


C’est à Vienne, la capitale autrichienne, dans un paysage de ville nouvelle entre le Danube, un échangeur autoroutier et le métro aérien, qu’est sise l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Au cœur de cet ensemble monumental de 4 500 bureaux cerclé de barbelés, la dalle désertique du complexe des Nations unies accueille une conférence sur la sûreté nucléaire après la catastrophe de Fukushima (Japon) survenue en mars 2011. Des véhicules diplomatiques stationnent devant l’entrée, où des grappes de dignitaires s’engouffrent avant de plonger discrètement vers les sous-sols par des escaliers mécaniques en cascade.

A la tribune, le diplomate japonais Amano Yukiya, directeur général de l’AIEA depuis 2009, s’adresse à un parterre de délégués issus des 153 pays membres. Ministres, représentants d’agences nationales du nucléaire, industriels de l’atome et experts de la radioprotection s’inquiètent de voir la renaissance annoncée dans les années 2000 compromise par l’accident japonais. M. Amano n’en espère pas moins « une nouvelle ère », avec des critères de sûreté des centrales renforcés et globalisés. Depuis juin 2011, l’agence diffuse d’ailleurs des communiqués lénifiants sur l’évolution des six réacteurs de la centrale de Fukushima, compilations des informations transmises par le groupe électronucléaire Tokyo Elec-tric Power Company (Tepco) et l’autorité de sûreté nucléaire japonaise, la Nuclear and Industrial Safety Agency (NISA). Surveillance et promotion du nucléaire : c’est le cocktail paradoxal qui définit cette agence pas comme les autres…Suite de l’article

 

Terre à Terre – France Culture

Ruth Stegassy de France Culture

L’émission TERRE A TERRE de Ruth Stegassy sur les ondes de France Culture peut être écoutée et téléchargée sur le site Archives des émissions TERRE A TERRE. Nous vous recommandons d’ailleurs vivement les deux autres émissions consacrées à la thématique du nucléaire.

Nucléaire 1 : Exploitation de la mine d’uranium de Faléa au Mali

Emission TERRE A TERRE du 6 octobre 2012 

Avec Many Camara, professeur de sociologie, membre de l’ARACF (Association des ressortissants et amis de la commune de Faléa).

 

Nucléaire 2 : tour de France des installations nucléaires

Emission TERRE A TERRE du 13 octobre 2012

Avec André Paris, géologue indépendant, auteur d’un travail cartographique/photographique sur le nucléaire en France.

Nucléaire 3 : Après Fukushima

Emission TERRE A TERRE du 20 octobre 2012

Avec Arkadi Filine, collectif des auteurs du livre « Oublier Fukushima » (Editions du bout de la ville).

Coup de projecteur sur l’uranium de Faléa

Un congrès international sur « l’uranium, la santé et l’environnement » a lieu ce week-end à Bamako. Les habitants d’une commune malienne se battent depuis des années contre un projet d’exploitation.

A l’initiative de l’ONG « International Physicians for the Prevention of Nuclear War » et de l’Association des ressortissants et amis de la commune de Féléa (ARACF), le Centre international de conférence de Bamako abritera du 16 au 18 mars un congrès international consacré à « l’uranium, la santé et l’environnement ».

Le choix de Bamako pour cet événement n’est pas anodin. Le Mali, après son voisin nigérien, aiguise l’appétit des compagnies minières multinationales pour ses réserves en uranium. Malheureusement, regrettent les organisateurs, la population et les décideurs politiques ont des connaissances limitées au sujet de l’exploitation de ce minerai et de ses conséquences.

Explorations en cours par compagnie canadienne

En quatre ans, des dizaines de puits de carottage sont apparus sous des terres de cultures vivrières. L’exploitation minière proprement dite n’y a pas encore débuté. Mais le groupe canadien « Rockgate » poursuit la phase d’exploration, pour déterminer l’emplacement des meilleurs gisements et leur profondeur. Ce n’est plus qu’une question de mois, dit-on. Pour les habitants mobilisés contre cette opération minière au sein de l’ARACF, le temps presse.

Les représentants du ministère des Mines seront particulièrement attendus au congrès, qui sera également l’occasion pour les candidats à l’élection présidentielle de faire connaître leur position sur le sujet. « L’enjeu est énorme sur le plan politique, économique et social », commente le représentant de l’ARACF Many Camara. Il rappelle que « les éléments toxiques de l’uranium se propagent dans la nature ».

La candidate à l’élection présidentielle française absente

L’eurodéputée et candidate à l’élection présidentielle française Eva Joly ne sera pas du déplacement cette fois. La farouche opposante au nucléaire s’était rendue à Faléa en mars 2011 avant de rencontrer Amadou Toumani Touré. « Le président a promis d’arrêter les forages, de ne pas délivrer de permis d’exploiter et de désormais favoriser l’agriculture plutôt que les industries polluantes », avait-elle alors déclaré. Une déclaration contredite peu après par l’entourage de la présidence, selon qui « il n’y a pas eu de prise de décision de faire arrêter tout de suite les forages ».

 

Exploitation de l’uranium de Faléa : Le niet des élus du cercle de Kéniéba

« A l’issue d’une formation, les élus du cercle de Kéniéba se sont opposés à la réalisation du projet d’extraction de l’Uranium de Faléa ».

La révélation a été faite le 25 avril 2012, par Nouhoum Keita, coordinateur du programme de renforcement des capacités des populations de Faléa et des élus du cercle de Kéniéba, lors de la conférence de presse sur le bilan du partenariat entre l’Association des ressortissants et amis de la commune de Faléa (ARACF) et la Fondation Rosa Luxemburg.

C’est un secret de polichinelle, la Commune rurale de Faléa située dans le cercle de Kéniéba, est aujourd’hui menacée par l’exploitation des ressources du sous sol dont l’Uranium. C’est suite à ce déferlement des sociétés minières sur le territoire de la commune que l’ARACF a décidé de s’impliquer activement dans le dossier minier. Selon Nouhoum Keita, toutes les actions visent à constituer un solide rempart contre le pillage effréné des ressources du pays par les investisseurs capitalistes internationaux.

« L’ARACF s’est mobilisée dans le but d’aider les populations et les élus à rester maîtres de leur destin, à choisir et à mettre en œuvre leur propre mode de développement, respectueux de leur culture et de leur environnement », a-t-il déclaré. Pour renforcer les capacités techniques des populations, des autorités traditionnelles et communales, Nouhoum Keita dira que l’ARACF a sollicité et obtenu l’appui de la Fondation Rosa Luxemburg, d’une valeur de 15 millions de FCFA. Selon lui, cela a permis la réalisation d’une série d’ateliers d’information et de sensibilisation des populations sur les activités des industries extractives et sur les effets secondaires nocifs consécutifs aux activités de prospection et d’extraction de l’uranium.

JPEG - 90.5 ko

Pour sa part le Professeur Many Camara a rappelé que l’ARACF n’est pas contre la volonté de l’Etat malien de diversifier ses activités minières. Mais, il a indiqué l’ARACF est opposée à l’extraction de l’uranium de Faléa pour tout le risque que cela comporte pour les populations. « Pourquoi ne pas abandonner le projet d’exploitation de l’uranium pour se consacrer à l’exploitation de l’or, du diamant et de la bauxite qui offre des potentialités estimées à 450 millions de tonnes », s’est-il interrogé.

Il a aussi proposé le développement de la filière du bambou dont regorge la zone et le développement de l’éco tourisme dans cette partie verdoyante de notre pays. « Il faut un programme de désenclavement de la zone de Faléa afin que la zone puisse développer son riche potentiel et nous allons nous battre pour le faire comprendre aux autorités », a-t-il déclaré. Pour conclure, il dira qu’il n’y a rien de rationnel à la démarche du gouvernement malien qui veut coûte que coûte exploiter l’uranium à Faléa.

Assane Koné