Une conférence mémorable et puis ….un coup d’État

Bamako mars 2012

La conférence sur l’Uranium, la santé et l’environnement à Bamako du 16 au 18 mars 2012 avait la particularité d’avoir été organisée par une initiative citoyenne d’une petite Commune, Falea au Mali en partenariat avec l’IPPNW1 – les médecins pour la prévention de la guerre nucléaire, le Uranium network et l’alliance africaine de l’uranium AUA2. Le centre international de conférence a été pendant trois jours le point de rencontre entre experts du nucléaire, médecins et activistes, curieux de la société civile et une grande délégation d’habitants de la Commune de Falea, qui s’oppose au projet de la première mine d’uranium du Mali.

David FIG, Afrique du Sud : sociologue de l'environnement, économiste politique

Après les mots d’accueils exprimés par le Professeur Many CAMARA de l’initiative citoyenne ARACF de Falea, le président de l’IPPNW Suisse, Professeur Andi NIDECKER insiste sur l’urgence de la mise à disposition d’une information scientifique pour la protection des populations confrontées aux travaux d’exploration de l’uranium et aux possibles montagnes de déchets d’une mine projetée. Il conclue face aux dangers incalculables de cette technologie de laisser ce minerai, sans le toucher, reposer là où il est : dans le sous sol. Le ministre des mines du Mali, Amadou CISSÉ, salue l’importance de cette rencontre scientifique et souhaite que ces connaissances soient respectées lors d’une mise en place de l’extraction du minerai. Il poursuit : « La lutte contre la pauvreté n’est que trop souvent accompagnée d’un manque d’information. Il va falloir inclure la population locale et éviter les fautes qui ont été commises ailleurs. » Gunter Wippel de l’uranium Network donne un aperçu sur les techniques et les dangers de l’uranium. Son intervention est complétée par l’ingénieur en physique nucléaire et responsable du laboratoire de la CRIIRAD en France, Bruno Chareyron. Connaissant la situation à Faléa, il dresse en outre une liste de toutes les méfaits commis par la société qui explore le terrain, la canadienne Rockgate Capital Corp3. « Même la phase d’exploration est souvent accompagné par des incidents provoqués par le radon4, un gaz hautement toxique. » Partout où l’on a extrait de l’uranium on laisse des montagnes de poussières radioactives qui continuent à contaminer les populations des alentours et empoisonner les nappes phréatiques.

Cette introduction est suivie par les récits de personnes venant du Gabon, de la Namibie, du Niger, du Congo, de l’État New Mexico aux USA, de Jadugoda en Inde, de l’Afrique du Sud et du Canada pour témoigner sur les effets de l’extraction de l’uranium dans leurs pays. Esther Yazzie – une indienne de la tribu des Navajo, raconte, plein d’émotion la situation désastreuse dans son pays natale après 60 ans d’extraction de ce minerai. Elle rappelle les liens qui nous lient à la terre et la nécessaire vigilance de la société civile. Chez les Navajo, ils ont perdu une génération tout entière : mort du cancer des poumons suite à l’inhalation du gaz radon dans les mines et leurs environs. Le rapport de Madame Salli RAMATOU du Niger5 dévrait être connu partout. Malgré les promesses exprimées il y a 40 ans, au début des 159 mines d’uranium dans ce pays, les droits de l’homme y sont bafoués, le développement et le bien être inexistant. Le responsable principal est AREVA. Cette société française, numéro un mondial du nucléaire, a méticuleusement veillée à ce que le taux de pauvreté reste collé au niveau de 1996. Le Niger souffre d’une contamination radioactive presque généralisé : des montagnes de poussières de déchets radioactifs de l’ordre de 35 millions de tonnes sont constamment érodés par les vents. Mme RAMATOU conclu son récit avec la phrase : « Deux ampoules sur trois brillent en France grâce au combustible nucléaire du Niger, qui est aujourd’hui un des pays les plus pauvres de la terre ».

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Doug Brugge, Professeur à la Tufts Medical School de Boston aux Etats Unis,

Trois scientifiques et médecins, Doug BRUGGE, Professeur à la Tufts Medical School de Boston aux Etats Unis, Mme Dale DEWAR du Canada, également médecin, et le Docteur Shri PRAKASH de Jadugoda en Inde6 ont chacun présenté leurs analyses des effets de l’uranium et sa radioactivité sur la santé de la population : des leucémies, des cancers de poumons, des disfonctionnement rénales, des déformations congénitales héréditaires en constante hausse.

Marc Ona ESSANGUI rappelle que la société AREVA a aussi sévit au Gabon. Aujourd’hui, après la fermeture en 1999 du site Mounana, des milliers d’habitants n’ont pas d’autre choix que de préparer leur repas quotidien avec une eau contaminée par la radioactivité. « Et Areva planifierait la réouverture des mines au Gabon. »

Golden MISABIKO venu à Bamako de la République démocratique du Congo s’étonne du nom que porte son pays. Les mots république et démocratique le fâchent. Après avoir publié une enquête sur AREVA chez lui, il a été incarcéré le lendemain. Il a du s’exiler. L’exploitation des mines est le plus rentable là ou les multinationales ne sont pas contraintes de respecter les Droits de l’homme, des lois environnementaux, un État de Droit ou une démocratie qui se respecte.

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Podium Bamako

Nouhoum KEITA, responsable de communication de l’initiative citoyenne ARACF décrit, que grâce à la mobilisation locale et le réseau internationale de solidarité, ARACF est devenu un acteur incontournable dans la procédure „de bonne gouvernance“ de l’Étude d’impact environnemental et social. Pourtant, il doit reprocher au gouvernement et au ministères concernés un manque de suivi et des promesses non tenues de mise à disposition d’informations. Les élus, des habitants et le chef du village traditionnel appuient l’intervention de Nouhoum par des commentaires. On veut et on va dire non à ce projet d’extraction d’uranium. On sent une certaine fierté qui s’exprime. Une détermination genre on ne lâchera rien. Des Falois remercient les hôtes venus de loin pour les appuyer……

L’incident

Le représentant du ministère des mines Seydou KEITA fait l’éloge de la richesse minière du Mali, qui exporterait annuellement environ 50 tonnes d’or. Il omet d’indiquer la valeur de ce pactole et la part qui reste dans le pays annuellement7. Mali est le troisième producteur d’or du continent africain ce qui est ici assez invisible. Le porte parole du ministère présente – powerpoint tableau à l’appui – un schéma de répartition exemplaire. Une sorte de transparence de façade ou l’information essentielle reste cachée. Une certaine grogne se fait sentir. Il poursuit que le Mali sera capable de réaliser l’extraction de l’uranium sans dégâts pour les populations… « grâce à dieu qui a donné l’intelligence aux maliens. Tant qu’il y aura des multinationales, qui s’intéressent pour nos matières premières, nous les accueillerons, vous pouvez discuter ici ce que vous voulez ». Dans sa lancée il reproche aux invités d’être venus uniquement pour faire des vacances au Mali. Ceci était le mot de trop. Un débat houleux s’instaure. Mais assez rapidement les organisateurs réussissent à remettre une ambiance d’écoute dans la salle. Professeur Many CAMARA exige du représentant du ministère des mines une excuse publique avant que la parole puisse être donnée aux intervenants suivants. Ses excuses, après de longues phrases insignifiantes, ont été acceptées par acclamation. Seydou KEITA

Madame RAMATOU rappelle la situation du Niger et la chance du Mali, où il est encore temps et possible d’éviter l’extraction d’uranium. Une longue liste de doléances et critiques faces à la société canadienne Rockgate Capital Corp (RCT) est dressée par une série d’intervenants de Faléa : les forages ont provoqué une pollution de puits d’eau ; mais les livraisons d’eau potable par RCT ont cessées après quelques jours ; des foreuses 24h sur 24 à proximité des huttes habitées ; des vaches, qui sont morts d’une manière inexplicable après avoir bu de l’eau des trous de forage mal sécurisés….

La possibilité de dire non au projet de la mine sera la consultation populaire. C’est une mesure qui fait partie de l’Étude d’impact environnemental et social. Mais est ce que ce sera seul une petite délégation des habitants qui aura un droit de vote ou est ce que ce sera une décision ou chacun et chacune des 17’000 habitants auront leur mot à dire ? Est ce que une décision négative pour la multinationale sera respecté ? Et la population, est ce qu’elle pourra compter sur le gouvernement ?

La rencontre à Bamako confirme l’importance de ces échanges d’informations, la nécessite de la mise en réseau d’acteurs les plus divers et l’exigence du respect des principes démocratiques, qu’il faut arracher de leur utilisation purement décorative. Les habitants du village de Faléa veulent être pris au sérieux. Les habitants de l’ensemble du continent africain ne pourront pas se satisfaire de ce que le P-DG de la société PALADIN Energy à exprimé : „The Australians and Canadians have become oversophisticated in environmental and social consent over Uranium Mining. The Future is Africa.“ (Executive Director Paladin Energy Australia 2006)8

Épilogue :

Quelques participants de la conférence se rendaient à Falea. Cinq heures sur la nouvelle route vers Keniéba, à la frontière vers le Sénégal et ensuite un chemin de terre rocailleux sur 80 km. Encore quatre heures. La route asphaltée a été construite d’ailleurs par une coalition de sociétés chinoise, japonaise et française. Les travaux ont été financée par divers fonds étatiques de développement en vue des nombreux projets d’extraction minière dans cette région.

Au retour à Bamako : Coup d’État. Le président Amadou Toumani Touré (ATT) et un certain nombre de ses ministres, des généraux et des colonels ont été arrêtés, l’aéroport et les frontières fermés. On parle de très peu de morts. La population est resté très calme et retenu. Quelques pillages et confiscations de véhicules ont eu lieu. Déjà trois jours après on a l’impression d’une certaine normalisation. Les soldats sont appelés à retourner dans leurs casernes. La junte a ordonnée la reprise des activités pour mardi 27 mars à partir de sept heures trente du matin. Elle a déclaré d’avoir pris le pouvoir pour redresser la démocratie et restaurer l’État. L’arrogance du ministre et surtout de son représentant lors de la rencontre « Uranium Santé et environnement » a été rejeté très vivement par les habitants de Faléa. Une grogne s’est manifesté au Palais du Congrès. Nous venons d’apprendre que de nombreux Falois espèrent que les jeunes Capitaines du Comité Nationale pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’État (CNRDRE) ne laisserons pas durer les habitudes prises par les sociétés minières, de verser des dessous de tables qui se transforment en villas ministérielles et pots de vins, des miettes pour la population et de transférer les bénéfices dans les paradis fiscaux.

Littérature : Dossier de préparation de la conférence de Bamako : à commander auprès de : Uranium Network.org

AREVA en AFRIQUE par Raphaël Granvaud, Edition Agon et Survie ISBN 978-2-7489 -0156-6

L’avenir radieux, Nicolas LAMBERT, www.unpasdecote.org

Le scandale de la France contaminée : DVD Pièces à conviction FR3

L’ensemble des débats a été enregistré et filmé. La conférence a été traduite également en bambara. Ces précieuses interventions seront utilisées pour radio-difffusion notamment par la Radio locale de Faléa. Grâce à l’aide de la Solidarité Internationale de la République du Canton de Genève ces contributions scientifiques pourront être traduites dans les quatre langues qui sont parlé à Faléa. Pour de plus amples informations : lammler(at)forumcivique.org

Uranium : Faléa en débat au Forum des peuples

Pour son troisième jour de débats, la 10ème édition du Forum des peuples à Niono a ouvert ce mercredi les discussions sur une thématique très attendue : « La problématique des exploitations des ressources minières et énergétiques au Mali et en Afrique, cas de Faléa : Quels impacts, droits des communautés, responsabilités de l’Etat et des sociétés minières ». Le thème, qui est jugé pertinent par les participants à ce contre-sommet du G20, reste d’actualité au moment où les travaux de recherche d’uranium dans la commune de Faléa (dans la région de Kayes), font l’objet de nombreux débats dans notre pays.

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Nouhoum KEITA, l’un des panellistes

« Faléa est menacée, les populations sont inquiètes »

Présenté par le secrétaire à la communication de l’Association des ressortissants et amis de la commune de Faléa (ARACEF), le thème a eu un succès d’audience avec la participation de nombreux chercheurs, et spécialistes de la question minière. D’entrée de jeu, le conférencier fera savoir que le secteur minier a remplacé de nos jours au Mali, l’agriculture d’exportation (dominée par la monoculture du coton) comme principale source de devises. Mais dans la montée en puissance de l’exploration et de l’exploitation des ressources naturelles promues par le gouvernement malien (l’uranium et la bauxite) occupent désormais une place de choix. Le plus important potentiel d’uranium se trouve ainsi dans la commune rurale de Faléa

Pour Nouhoum Keïta, la ruée des multinationales vers le Mali s’explique par le fait qu’en plus d’un sous-sol extrêmement riche, le pays offre un environnement propice pour l’enrichissement des investisseurs internationaux et la sécurisation de l’approvisionnement des puissances étrangères en produits de base stratégiques. Cependant, remarque le conférencier, au Mali comme ailleurs, en Afrique, l’expérience a montré que le développement de l’industrie extractive n’a pas permis, jusqu’à présent, de relever significativement le niveau du développement économique et social du pays. « Les études et analyses indépendantes (Oxfam America, FIDH,.) ont établi que si le secteur minier constitue un el dorado pour les compagnies privées étrangères, son développement ne garantit ni la protection de l’environnement, ni le respect, la protection et la promotion des droits humains fondamentaux ni l’amélioration à long terme des conditions de vie des populations » fait savoir le conférencier. Qui regrette que Faléa n’échappe à cette règle.

Minerais aux multiples conséquences

« L’uranium est un élément chimique qui n’est pas stable », fait savoir le militant de l’ARACF. Pour qui le minerai se désintègre avec le temps en 13 éléments différents. « Plusieurs éléments ont une période physique extrêmement longue (des milliers d’années). En tant qu’élément chimique, il présente plusieurs dangers. Il est radioactif, et envoie des rayons alpha, bêta et gamma. Il est chimiquement toxique. Il est repro-toxique (toxique pour les organes reproductifs)… », décrit le conférencier. Qui regrette que malgré ces nombreuses conséquences de l’exploitation de l’uranium, les autorités n’aient pris aucune disposition pour prévenir une catastrophe environnementale et sanitaire. « L’uranium hautement enrichi (100%) sert à fabriquer les bombes atomiques », s’alarme le conférencier. Qui prédit dans les jours à venir une sérieuse dégradation du sous-sol et du cadre de vie à Faléa. « Le sol peut-être contaminé avec du plutonium provenant des retombés des essais d’armes nucléaires. Il se déplace lentement en profondeur dans le sol et dans les eaux souterraines. Pour l’environnement et les populations riveraines, il y a également des risques énormes, avec la production d’une grande quantité de déchets radioactifs fluides (stériles) qui resteront radioactif pendant des milliers d’années. Quand les digues des bassins qui contiennent les stériles cassent ou deviennent poreuses l’environnement est contaminé. Les stériles et résidus envoient en permanence le gaz radon dans l’air et l’environnement. La dispersion de la poussière radioactive par le vent et les pluies, infiltration dans les nappes phréatiques et contamination des eaux » prévient le militant de l’ARACF.

Pour le conférencier, c’est face à cette situation que l’ARACEF a pris le taureau par les cornes, en initiant de nombreuses actions de formations, d’information et de sensibilisation des autorités élus et populations de la commune. « Avec l’implantation prochaine d’industries extractives dans cette commune, notre association a décidé de prendre en charge la dimension environnementale et sanitaire des populations. Cela, dit-il, en contribuant, aux côtés de l’Etat malien et de la municipalité de Faléa, à la réalisation effective des droits des populations résidentes (protection de la santé, du cadre écologique, des droits et des intérêts économiques et sociaux, de la culture et des aspirations des communautés vivant dans la Commune (autochtones et allochtones) ».

SOURCE Journaux du MALI – Issa FAKABA SISSOKO – 02/11/2011

Déclaration de la Jeunesse de la Commune Rurale de Faléa

Mobilisation de la jeunesse de la Commune rurale de Faléa contre le projet de mine d’uranium

Déclaration de la Jeunesse de la Commune Rurale de Faléa à l’intention de la Délégation de la Commission des Mines de l’Assemblée Nationale du Mali en mission d’information sur le terrain (10 juillet 2011)

jeudi 22 septembre 2011, par FODE

Discours de la jeunesse de Faléa lors de la réception de la mission d’information de la Commission des Mines de l’Assemblée Nationale du Mali (10 juillet 2011)

Honorables députés membres de la Commission des Mines de l’Assemblée Nationale du Mali, Monsieur le Délégué de l’ARCAF, Monsieur le Sous-Préfet de Faléa, Monsieur le Maire de la Commune Rurale de Faléa, Messieurs le Chef et Conseillers de village de Faléa, Distingués invités,

Nous souhaitons la bienvenue à la délégation de la Commission des Mines de l’Assemblée Nationale du Mali.

A l’occasion de cette mission historique de l’Assemblée Nationale du Mali à Faléa, permettez-moi d’exprimer la volonté de la jeunesse de Faléa. Nous avons le cœur plein d’amertume et de la peur perpétuelle d’un malheur vague qui pourrait causer la destruction des facteurs biotiques dans notre commune. La nature exerce une grande influence sur l’homme qui, à son tour, peut, par ses activités, produire sur elle des effets dangereux et faire planer des menaces sur la vie des populations. C’est le cas des activités de recherche d’uranium dans la Commune Rurale de Faléa par les sociétés minières Delta Exploration Inc. et Rockgate Capital Corp. :
- la pollution des eaux de surface déversées dans des marigots et rivières qui sont utilisés par la population pour son approvisionnement en eau :
- la dégradation de la nature
- la piste d’atterrissage est trop proche des habitations et des services (centre de santé, mairie, etc.) ;
- l’empoisonnement d’animaux par les eaux polluées par les produits chimiques utilisés lors des forages et carottage effectués à travers les champs agricoles, les pâturages et les forêts ;
- la pollution de puits traditionnels, sources d’approvisionnement quotidien en eau de milliers d’habitants.

Les difficultés tiennent ainsi donc à la mauvaise exploitation de nos terres de culture, des nos sources d’eaux, de nos pâturage, de nos forêts et de nos lieux d’habitation par un nouveau mode de mise en valeur imposé contre volonté et qui entraîne des conséquences néfastes sur la qualité de l’eau, de nos sols, de l’air et donc sur notre santé, comme sur la vie des animaux, des plantes et des oiseaux.

Par conséquent, pour la survie physique et mentale de la population vivant dans la Commune Rurale de Faléa (au moins 17000 habitants), la jeunesse de Faléa recommande à l’Assemblée Nationale du Mali de voter une loi interdisant l’exploitation de l’uranium à Faléa.

La population de Faléa est contre toute personne-ressource qui recommanderait l’exploitation de l’uranium dans notre commune.

Et à bas l’exploitation de l’uranium à Faléa !

Je vous remercie.

Fait à Faléa, le 10 Juillet 2011

Sambou Keïta

Président Association des Jeunes de la Commune Rurale de Faléa

Les énormités d’un Ministre sur la radioactivité

Première visite du nouveau Ministre des mines à Faléa

Le 20 mai dernier, le nouveau ministre des mines a fait un détour par Faléa, dans les soutes du PDG de Rockgate Capital Corp. Ignorant royalement les recommandations formulées par les différents services techniques de l’État et les conclusions de la rencontre organisée à cet effet au ministère de l’Environnement et de l’Assainissement le 30 mars 2011, il a préféré se rendre à Faléa en compagnie de Karl Kottmeier pour y organiser une campagne de relation publique et se transformer en chargé de mission d’une compagnie multinationale. Curieux baptême de feu pour celui qui est chargé de mettre en œuvre la politique minière du Mali ! Nous vous proposons notre réponse à l’article publié par l’Essor n° 16947 du 24 mai 2011.

1. Les premiers constats établis par la mission scientifique du laboratoire de la CRIIRAD de Valence (France), conduite par son responsable, Bruno CHAREYRON, ingénieur de physique nucléaire de réputation internationale et financée à plus de 30.000 euros par le groupe des Verts-ALE au Parlement européen, d’une part, les informations scientifiques, la documentation sur les expériences d’exploitation d’uranium dans d’autres pays (notamment au Niger, qui partage un même espace géographique que le Mali ) et les conseils donnés par les eurodéputées écologistes Michelle RIVASI, experte réputée dans le domaine de la radioactivité et Eva JOLY, Présidente de la Commission Développement du Parlement Européen, d’autre part, sont ravalés par votre organe au rang de « spéculations et autres supputations les plus fantaisistes » sur le projet de recherche d’uranium dans la Commune rurale de Faléa.

2. Les très vives inquiétudes exprimées par les 21 villages de cette commune rurale relayées par l’ARACF et ses partenaires sont réduites à un simple « fâcheux malentendu entre les riverains (sic !) de la localité de Faléa, une commune rurale très enclavée du Cercle de Kéniéba, et les gestionnaires du projet ».

3. En dépit de leur grande crainte de perdre leurs sources de vie (terres, eaux, animaux, plantes utilitaires, etc.) et leur identité culturelle (lieux sacrés, cimetières…), malgré leur colère contre les autorités maliennes qui, depuis le démarrage des opérations de recherche en 2007, ne les a informées ou protégées d’aucune manière face aux sociétés minières, votre journal prétend que l’adhésion des populations de Faléa au projet de mine d’uranium est très enthousiaste et qu’elles sont plutôt impatientes de voir l’ouverture de la mine qu’inquiètes au sujet de ses conséquences. L’absence manifeste d’investigations sérieuses dénote du peu de souci que « L’Essor » se fait du sort des 17000 habitants de la Commune de Faléa.

4. Le Ministre des mines M.Amadou CISSE, lors de sa visite « d’information et de vérification » à Faléa, le vendredi 20 mai 201, a déclaré : « …Ce que j’ai vu et entendu me rassure » sans donner la moindre preuve technique et scientifique sur lesquelles il se fonde. A cet égard, nous rappelons que notre pays s‘est doté, depuis 2002, d’un service de contrôle de la radioactivité, l’AMARAP, qui est en même temps le conseil scientifique des autorités maliennes. Faute de ressources et de moyens logistiques, elle vient seulement d’effectuer en ce mois de mai 2011 sa première mission de terrain à Faléa. Les échantillons qu’elle a prélevés sur place sont en cour d’analyse et les résultats ne sont pas encore disponibles. Visiblement, le Ministre des Mines a ignoré cet outil auquel il devrait se référer logiquement avant toute déclaration officielle. La preuve en est qu’aucun représentant de cette institution technique et nationale n’a participé à cette mission d’une telle importance et dont l’effectif était pourtant très élevé. En outre, la DNACPN, service compétent du Ministère de l’Environnement, chargé du contrôle des pollutions et des nuisances et du pilotage de l’étude d’impact environnementale et social n’y était pas représentée.

5. En plus d’être rassuré sans que l’on sache sur quelle base concrète, le Ministre des Mines est allé plus loin : il s’est engagé résolument et de façon irrévocable pour l’ouverture de la mine. Ainsi, il a affirmé : « Oui, ce projet de Faléa va exister et il existera. Nous avons reçu des instructions du Président de la République, Amadou Toumani Touré, de diversifier les ressources minières de notre pays. Ce projet de Faléa constitue l’une des composantes de cette politique de promotion du sous-sol. Nous soutenons ce projet. À cet égard, il n’y a pas de raison de ne pas aller au bout de l’ambition qui est de réaliser une mine d’uranium pour la première fois dans notre pays ».

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Affiche du Parti des verts en Allemagne
La seule chose qui est certaine avec le nucléaire, c’est le risque !

Alors, quelques questions à Monsieur le Ministre :

A. Est-ce que les dispositifs et procédures réglementaires du Mali comme la production d’une étude d’impact environnemental et social encadrée et validée par la DNACPN en concertation avec les autres services techniques maliens concernés, l’obligation d’obtenir un permis environnemental, l’exigence d’organiser sur place à Faléa une consultation publique pour prendre l’avis des populations locales, etc. tout cela est désormais considéré comme nul et de nul effet ?

B. L’ambition d’un gouvernement de diversifier les ressources minières de son pays doit-elle le conduire à soutenir aveuglement un projet minier comportant des dangers pour notre patrimoine écologique et pour la vie de 17.000 âmes de notre communauté nationale ?

C. Le Président de la République, au cours de l’audience qu’il a accordée à la mission Eva Joly – Michelle Rivassi, n’a pas exclu l’éventualité du choix d’un autre mode de développement alternatif à l’exploitation de l’uranium, à savoir, un développement axé sur la promotion du secteur agricole. Que pense le Ministre des Mines de ce point de vue du Chef de l’Etat ? Par ailleurs, conformément à la loi malienne, le Président ATT a affirmé que si la population de Faléa n’adhère pas au projet de mine d’uranium, le permis d’exploitation ne sera pas délivré par le gouvernement malien. Que dit Monsieur le Ministre de cette prise de position de la plus haute autorité de notre pays ?

D. S’agissant de la politique de diversification des ressources minières adoptées par le gouvernement malien, il a été établi par le Ministère des Mines et les investisseurs étrangers qu’ en plus du cuivre et de l’argent qui, eux, sont associés à l’uranium, la Commune rurale de Faléa regorge d’autres minerais dont l’exploitation est maîtrisable, tels que la bauxite (le plus grand potentiel d’Afrique de l’Ouest évalué à 439 millions de tonnes de réserve), l’or, le diamant, le fer etc.. Dans ces conditions, pourquoi limiter les efforts de diversification à un seul minerai qui est, par ailleurs, reconnu partout dans le monde d’aujourd’hui comme dangereux et peu rentable s’il est exploité dans les normes internationales, techniques, éthiques et démocratiques ?

6. Le gérant de Delta Exploration, Pierre Saadé et le président de Rockgate Capital Corporation, Karl Kottmeier, s’accordent pour dire qu’au stade de l’exploration et de la prospection de l’uranium, « … il est incompatible de parler de radioactivité qui n’est possible que lorsque l’uranium est enrichi. Même si l’exploitation débute ici à Faléa, elle ne portera que sur de l’uranium naturel qui n’est nullement offensif … ». Le directeur national de la géologie et des mines, Lassana Guindo, fait chorus avec eux et renchérit : « L’uranium à l’état naturel existe partout. C’est une substance naturelle comme tant d’autres. Nous vivons avec tous les jours. La radioactivité dont on parle ne peut venir que de l’uranium enrichi, tel que l’uranium 235. À part ça, le radon, le plutonium et autres ne sont que des éléments issus de l’uranium et qui n’ont aucun effet nocif sur l’organisme » ». Cela signifie, en clair, que les sociétés minières présentent à Faléa et les autorités maliennes rejettent les résultats des études et analyses reconnues par la communauté scientifique internationale (les laboratoires nucléaires, le conseil international des Médecins et Physiciens pour la Prévention de la Guerre Nucléaire-IPPNW…).

Cautionner et partager de telles déclarations mensongères et dangereuses est-il responsable de la part du gouvernement malien ? Après ces dénégations et ces proclamations surréalistes adressées au peuple malien, à toute notre nation et à la face du monde entier, les 17000 habitants de Faléa et ceux d’éventuels autres sites d’uranium du Mali peuvent-ils espérer être protégés et sauvés par notre Etat national du désastre de l’exploitation de mines d’uranium ?

7. Face à cette campagne d’intoxication des populations de Faléa et de l’opinion nationale, menée par les sociétés minières Delta Exploration et Rockgate Capital Corporation et cautionnée par les autorités maliennes,l’ARACF exprime sa profonde indignation et affirme sa détermination à poursuivre ses actions d’information et de sensibilisation saines, de formation et de mobilisation citoyenne pour contribuer à sauvegarder la vie et l’environnement des populations locales, à défendre et promouvoir tous leurs droits.

Selon le communiqué publié par l’ARACF du 30 mai 2011

Leçon de rattrapage pour futurs ministres de mines

L’impact radiologique de 50 années d’extraction de l’uranium en France. Exiger de COGEMA-AREVA un réaménagement satisfaisant des sites.

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Les mines d’uranium contaminent…
texte original de l’article publié par le magazine « L’Ecologiste N°16 septembreoctobre- novembre 2005 / Mines d’Uranium : la pollution cachée ».

Manifestation en Suisse

SUISSE : Marée humaine contre le nucléaire

Le témoignage de Falea

La manifestation contre l’énergie nucléaire du dimanche 22 mai 2011 a attiré une grande foule dimanche en Argovie aux abords de la centrale de Beznau (AG). Sous le soleil, plus de 20 000 personnes ont participé à l’événement dans une atmosphère pacifique. Au cours de ce rassemblement, la coalition antinucléaire a rédigé une lettre de revendication au Gouvernement Suisse, qui doit préciser sa position mercredi prochain.

Plusieurs intervenants se sont succédés à la tribune dans une ambiance festive et colorée. Parmi eux le chargé à la communication de l’ARACF – Nouhoum KEITA – présent en Europe dans le cadre d’une campagne d’information sur la menace d’une mine d’uranium à Faléa.

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Nouhoum KEITA à la tribune
lors de la manifestation la plus importante contre le nucléaire que la Suisse ait connu depuis 25 ans. NK sera également devant la commission de la coopération économique et du développement du Bundestag à Berlin dans le cadre d’une audition publique.

Voici quelques extraits de son intervention : « Faléa, est une commune rurale de 17. 000 habitants et située dans l’ouest du Mali, entre les frontières de la Guinée et du Sénégal. Elle est le théâtre d’une intense exploration minière. Son sous-sol renferme de minerais précieux comme l’or, le diamant, la bauxite, le fer, le plomb, l’uranium. S’agissant de l’uranium, les données récentes estiment que la commune de Faléa recèle le plus important potentiel avec une estimation de 5000 tonnes sur un bassin Mali-Sénégal- Nord-Guinée couvrant 150 Km2. C’est Rock Gate Capital Corp (société canadienne), qui a obtenu un permis d’exploration des ressources de la Commune Rurale de Faléa. Depuis la découverte du gisement d’uranium dans la commune de Faléa, les populations-à travers l’ARACF (association des Ressortissants et Amis de la Commune de Faléa) une association qui résiste contre l’ouverture de la mine d’uranium, expriment de nombreuses inquiétudes pour plusieurs raisons :

La société Rockgate a réalisé les opérations de forage et de carottage à des profondeurs variant de 200 à 300 mètres de profondeur sans avoir eu au préalable aucune idée précise sur le niveau de la nappe phréatique dans les différentes zones ;

Elle ne respecte ni la nappe phréatique, ni les populations, ni les conditions minimales de base dans le domaine de l’environnement, du Patrimoine culturel (matériel et immatériel) et de la démocratie…

Cette situation a eu des conséquences sur les populations de la commune de Faléa à savoir l’insalubrité et les nuisances, les risques d’infiltration dans la nappe phréatique des produits dangereux utilisés par Rockgate, la stratégie de contamination rapide des surfaces de la future concession, la pollution des sources d’eau potable.

Les hommes, les femmes, les enfants, les villages qui risquent de subir l’exploitation de l’uranium, ont besoin de la solidarité des femmes, des hommes, des jeunes des villages et des villes qui consomment l’énergie nucléaire. C’est une énergie sale qui détruit systématiquement notre environnement, nos cultures, nos habitudes alimentaires, nos jardins !  »

Comment faire pour qu’ensemble nous obtenions la non-exploitation de la mine à Faléa ? s’est interrogé l’intervenant pour qui chaque participant à ce meeting doit informer ses amis, son environnement.

A ce sujet il a annoncé qu’une exposition « Faléa, la menace d’une mine d’uranium » circule en plusieurs langues. Il a poursuivi en invitant tous ceux qui voudraient manifester leur solidarité à prendre contact avec l’ARACF ou son partenaire le Forum Civique Européen

RADIO COMMUNAUTAIRE LOCALE DE FALÉA AU MALI

LA RADIO LOCALE DE FALEA EMET DEPUIS LE 25 juillet 2011

Une radio communautaire locale a été mise en route le 25 juillet 2011 grâce à l’appui de la Ville de Genève et du Forum Civique Européen. Elle diffuse dans les quatre langues qui sont parlées par les populations locales sur l’ensemble du territoire communal. Ce vidéo de quelques minutes retrace les premières heures d’ émissions de cette radio. Désormais, les populations de Faléa ont à leur disposition le moyen d’accès le plus adapté  d’information sur l’uranium, la radioactivité et les projets miniers. Les habitants pourront prendre la parole, se concerter et se mobiliser dorénavant plus efficacement pour faire entendre leur voix et défendre leurs intérêts collectifs.Le défi que l’équipe de la radio devra relever immédiatement est celui de traduire en langues locales beaucoup d’informations qu’il faut connaitre face à un projet de mine d’uranium. Connaitre ce qu’est la radioactivité, le gaz radon, l’uranium, les méthodes d’exploitation qui menacent, mais aussi les droits qui permettent aux habitants de se prononcer s’ils veulent ou non de cette mine d’uranium. En plus, ils pourraient demander des garanties qui leur seraient, au cas échéant, données pour la réhabilitation – renaturation du site après la fin de l’exploitation.

Affaire de l’uranium de Faléa : La vérité et les non-dits

L’article de Adam Thiam a été publié par divers médias au Mali. Il vient d’être publié également ce 20 avril 2011 par Meredit sur le site Club de l’Europe wordpress.

Le président du Mali Amadou Toumani TOURE (ATT) a dit qu’il n’était pas au courant de l’affaire de l’exploration de Faléa dont le permis a été approuvé en conseil de ministres. Eva Joly en mission à Bamako a mis les pieds dans les plats. Et comme l’uranium irradie, on va bientôt avoir besoin de masque pour approcher Modibo Sidibé.

C’est une Eva joly toujours humble comme à son habitude mais fière d’avoir remporté sa bataille qui a repris l’avion ce soir du 29 mars. Quelques heures auparavant, elle était reçue par ATT avec sa délégation de cinq personnes dont l’Eurodéputée, Michèle Rivasi, Vice-présidente de la Commission Environnement-Développement. Objet de l’audience : un contrat d’exploration contre lequel les populations de Faléa, commune de 17 000 habitants dans le cercle de Keniéba à 600 km de Bamako protestent depuis 2009. Eva Joly s’était rendue sur le site les 26 et 27 mars. Elle a discuté avec les populations sur l’affaire. Les vingt-un chefs de villages de la commune étaient présents à la rencontre en plus du Conseil communal dirigé par le Maire. Ils maintiennent leur position : ils ne veulent pas d’activités autour de l’uranium.

L’eurodéputée n’est pas que l’icône de la lutte à mort contre la corruption. Elle surveille également comme le lait sur le feu la question de la justice économique et de la transparence dans l’industrie extractive. L’affaire du cuivre zambien dans laquelle elle est une avocate passionnée des intérêts de l’Etat zambien contre le prédateur chinois l’a rendue plus célèbre en Afrique. Qui plus est, elle est une militante anti-nucléaire connue.

Lorsque l’altermondialiste malien, Mani Camara, résidant depuis sa convalescence à Paris, la rencontre en 2010 à l’Université d’été des Ecolos à Nantes, c’est avec un dossier bien ficelé de l’Association des Ressortissants et Amis de la Commune de Faléa (Aracf) dont le secrétaire à la Communication n’est autre que l’excellent communicant et altermondialiste Nouhoum Kéita de Radio Kayira.

Activisme tous azimuts

Cette commune fait partie de cinq localités maliennes pour lesquelles existent, à l’heure actuelle, des contrats d’exploration d’uranium. Le ministre des mines sortant Aboubacar Traoré, reconnaît avoir fait adopter quatre contrats par le Conseil de ministres en février dernier, celui de Faléa ayant été approuvé sous le numéro PR 07/304 du 19 févier 2007avec une superficie délimitée de 150 km2 par le même conseil de ministres lorsque Ahmed Diané Séméga était en charge des Mines.

Le montant forfaitaire des permis de recherche minière étant légalement de 500 000 Cfa, la thèse de la magouille ne convaincra pas si facilement ici. Ainsi la Convention d’exploration de l’uranium dans la commune de Faléa accordée à la canadienne Rockgate « est donc bel et bien approuvée par le gouvernement et est régulière en tous points », souligne l’ancien ministre.

Mais ce 29 mars, Eva Joly emportée et émue par la pauvreté de la Commune qu’elle venait de visiter crie au scandale devant le président Touré entouré de ses conseillers. L’ombre du désastre nucléaire japonais plane. La juge écolo invoque des morts d’animaux. Il est vrai qu’en 2010, « un éleveur du nom de Danfaga s’était plaint que « quatre de ses animaux étaient morts après avoir brouté de l’herbe dans une partie qui venait d’être sondée par Rockgate ». L’infortuné saisit le Conseil communal de Faléa et celle-ci en informe l’entreprise qui exige… l’autopsie aux frais de Danfaga endeuillé. Elle n’aura jamais lieu cette autopsie mais Eva Joly à qui l’histoire a été contée est, encore, plus choquée.

Rendre Modibo Sidibé radioactif

Devant le président, elle continue son réquisitoire et le termine par le risque de contamination des terres agricoles. Sa verve irradie ATT qui, fâché, avoue qu’il ne savait pas et demande à ses conseillers comment on peut avoir un tel culot sans l’en informer. Pour Eva Joly, c’est plié. Elle rend compte à Paris « le président Touré a promis d’arrêter les forages, de ne pas délivrer de permis d’exploiter et de désormais favoriser l’agriculture plutôt que les industries polluantes ». Mais elle est rectifiée peu de temps après par un conseiller présidentiel proche du dossier cité par l’Afp : « il n’y a pas eu de prise de décision de faire arrêter tout de suite les forages. Pour le moment, on assiste à une phase exploratoire dans cette mine. C’est l’exploration qui est en cours, et elle continue ». L’Afp avait raison. Hier, le ministère des Mines confirmait que Rockegate continuait.

L’Ambassade du Canada intéressée par l’affaire, la firme incriminée étant canadienne, se saisit du dossier et s’étonne de l’amalgame entre le stade d’exploration où se trouve Rockegate et le stade d’exploitation mentionné dans la presse. Abdoulaye Pona, le tout nouveau Président de la Chambre des mines dit qu’il n’a jamais été saisi du dossier de Faléa mais assure que ce vendredi, il devrait rencontrer les ressortissants de ladite commune.

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SCREAMING 4 FUKUSHIMA
Illustration Creative Commons Copyleft mise à disposition parwww.journarles.org

Il ne veut pas parler de l’affaire avant d’en connaître les tenants et les aboutissants. Sage précaution dont la presse s’est écartée qui voit dans ce « scandale » la main de « Aboubacar Traoré et par ricochet Modibo Sidibé » selon les milieux proches de l’ancien Premier ministre. Quid de la perquisition dont le ministre sortant des mines aurait été l’objet de la part de la Sécurité d’Etat ? L’intéressé dit lui-même « avoir lu cela dans la presse ». Les sources sécuritaires démentent. Et personne au ministère de la justice n’est au courant d’une quelconque information ouverte sur ce dossier. La vérité est donc à rechercher du côté des non-dits. Mais « c’est de bonne guerre et ça ne fait que commencer » prévient-on dans l’entourage du Premier ministre sortant. C’est vrai qu’il n’y a pas mieux que cette affaire pour le rendre radioactif !

Adam Thiam

Rapport au sujet de la mission des parlementaires européens et de la CRIIRAD à Faléa et Bamako

Le communiqué de l’ARACF du 3 avril 2011

Extrait du Communiqué du 3 avril 2011 de l’Association des Ressortissants et Amis de la Commune de Faléa

Le Président de la République Amadou Toumani Touré quant à lui, lors de l’audience qu’il a accordée à la mission des eurodéputés Verts-ALE, a déclaré qu’il n’a pas été informé sur la situation réelle qui prévaut sur le terrain à Faléa et s’est engagé à arrêter les opérations de forage et de carottage. En plus, il a affirmé que si la population de Faléa ne veut pas de ce projet minier, le permis ne sera pas délivré à Rockgate et qu’il préférera développer le secteur agricole dans la Commune Rurale de Faléa.

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Jardin à Faléa
Photo prise par la délégation du Forum Civique Européen en février 2011 lors de l’installation de l’antenne parabole pour le désenclavement informatique de Falea.

L’intégralité du Communiqué du 3 avril 2011 ARACF

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Communiqué de presse de Mme Eva JOLY

La délégation des parlementaires écologiste européens à Falea et Bamako

Eva Joly et Michèle Rivasi obtiennent l’arrêt de l’exploitation d’une mine d’extraction d’uranium au Mali

Convaincu par les informations recueillies par Eva Joly et Michèle Rivasi, eurodéputées Europe Ecologie-Les Verts, le président du Mali, Amadou Toumani Touré, a pris la décision de faire arrêter les forages d’uranium dans la région de Faléa, à l’Ouest du pays. Les eurodéputées mettent ainsi fin à une lutte de quatre ans entre les habitants de cette région et une société canadienne, propriété de Rockgate Capital Corp, qui y avait obtenu des permis d’exploration de gisements de cuivre, de bauxite et d’uranium de la part du gouvernement en 2007. Many Camara, l’émissaire en Europe de l’Association des ressortissants et des amis de la commune de Faléa, était venu rencontrer les eurodéputées pour leur exposer les menaces pour les 17 000 habitants des 21 villages de cette région, où par ailleurs la biodiversité est exceptionnelle. Les mines d’uranium provoquent en effet la dispersion dans l’air de poussières fortement radioactives ainsi que des rejets d’eau contaminée. Les deux eurodéputées se sont ensuite rendues sur place, dans ce lieu enclavé et situé à 800 kilomètres de la capitale Bamako, afin de constater par elles-mêmes l’importance du problème et de rencontrer les maires des communes concernées et la population.